vendredi 28 septembre 2012

Que serais-je sans eau...



Trop?
pas assez?
quand il pleut
moi
je dois stopper
pas plus couvrant que le bruit de l'eau...
de la pluie
de mousson.
Alors juste,
ranger micro
et profiter
de l'orage
et des rigoles.
à écouter dans
Instantanés du monde, dans le Chettinad

jeudi 27 septembre 2012

Waterproof

Elles rigolent, les femmes
à me voir plantée là
avec mon micro
les gamins en rajoutent
de plongeons et de cris
les femmes rient
haussent les épaules
et se remettent à l'ouvrage.
Là, elles s'étripent
parce que l'une d'elles a mis un linge sale sur la pierre propre
elles crient
lancent des pierres au chien jaune
qui me tourne autour des mollets
se remettent au travail
lèvent la tête
me voient encore là
elles rient
et m'invitent
à venir les rejoindre
de l'eau jusqu'à la taille
c'est vrai qu'il doit faire 40°C
mais bon
mon enregistreur n'est pas waterproof...
elles rient
elles haussent les épaules
et se remettent au travail
écoutez-les, dans :
Instantanés du monde dans le Chettinad
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 26 septembre 2012

Bouillons d'orage

L'orage arrive subitement
on l'attendait
les portes claquent
les perroquets crient en éclairs verts sur le ciel noir
les chiens hurlent
et c'est parti
dévalant les pentes des toits couvrant les vérandas
l'eau plonge illico dans ces énormes pots
un, à chaque coin de la cour
des pots de cuivre et d'étain
qui stockent la manne
pour les semaines de sécheresse à venir
une mousseline empêchera les moustiques d'y pondre
l'eau, précieuse, servira aux habitants de ces palais du Chettinad...
Une, des nombreuses solutions à la récolte de l'eau potable
essentielle en ces contrées
où l'on ne peut compter ni sur le ciel
capricieux
ni sur des autorités gouvernementales
à l'image des cieux...
Chez nous aussi, peut-être, non?
à écouter, dans :
Instantanés du monde dans le Chettinad
Photographie © Anne Bonneau

mardi 25 septembre 2012

Eaux vives

On peut s'asseoir, là, sur les marches de ces bassins
et juste, regarder la vie qui passe
pas d'eaux plus vives qu'en ces villages du Chettinad
vivantes
les martin-pêcheur y dessinent des arcs bleus
les enfants s'y baignent nus
les femmes y viennent à la pénombre
le jupon du sari remonté sous les aisselles
en bain pudique
les vaches viennent s'y abreuver
et pissent dedans
par la même occasion
les pèlerins y font leurs ablutions
avant d'entrer au temple.
Et puis, il y a des bassins
où l'on retire ses savates avant d'y descendre
où l'on puise une eau
à boire
les vaches viennent s'y abreuver
et pissent dedans
par la même occasion
Mais c'est permis
c'est Monsieur Karmekam qui vous le dit, dans :
Instantanés du monde dans le Chettinad
Photographie © Anne Bonneau

lundi 24 septembre 2012

L'homme, le buffle et l'eau

Les rizières sont en contrebas
les digues sont assez larges pour un chemin
à prendre à pied
où à vélo
entre les arbres qui les ombragent
des fenêtres s'ouvrent
sur des scènes souvent bucoliques
le riz que l'on repique, que l'on récolte
les couleurs des saris dans le vert cru
un petit temple qui s'effondre sous les palmes
les retenues d'eau, propres à cette région aride
couvertes de jacinthes, de nénuphars, de cormorans ou d'aigrettes
et là
cet homme qui susurre des mots doux à son buffle
en chantonnant
lui intimant de se tourner...
Là, dans ces retenues d'eau précieuses
des moments à savourer, sur la pointe des pieds
à écouter, ici :
Instantanés du monde dans le Chettinad
Photographie © Anne Bonneau

samedi 22 septembre 2012

âge limite d'éducation


Treize ans
c'est l''âge où les filles arrêtent l'école
ici,
dans ce village du Kutch.
Parce qu'après il faut aller
dans le village voisin
à 15 kilomètres de là
et que l'on a besoin d'elles
pour le bois
pour l'eau
pour leur apprendre
à cuisiner
à broder.
J'écoute.
Viral, mon interprète, s'insurge
et leur fait la leçon
balayant ces mauvaises raisons
les aiguillonnant
les filles de la maison
plongées dans la confection de galettes
de leur vêtements
teignant
brodant
cousant
apprenant
les gestes immémoriaux
qu'ici
on vénère
à écouter, dans
"Instantanés du monde à Zura"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 21 septembre 2012

Qu'est ce qu'on mange?

Qu'est ce qu'on mange?
comme d'hab'!
Ici, dans le Kutch, quelques galettes de farine de blé ou de millet
avec un légume
et un dal
comme d'hab'.
Certains observateurs affirment
que cette routine alimentaire
mâtinée de l'aridité du désert alentour
serait une aubaine
pour la créativité
que tout ce beige
ce brun
ces couleurs de sable et de ciel au diapason
nourrirait des envies
de couleurs
de matières
de textures
de dessins
bref, une créativité qui s'exprime
dans tous les arts
que dieu fait
en tout cas, où les hommes
et les femmes
surtout les femmes
excellent
A écouter, dans
Instantanés du monde à Zura

PS. Oui, c'est bon, ces galettes
toutes chaudes
avec du beurre clarifié dessus
olala
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 20 septembre 2012

Pas bête...


Il y a des bêtes qui savent reconnaître leur maître
de mille façons
et des plus étranges...
comme dans cette région de l'Inde
Ici, dans le Kutch
c'est au maître de reconnaître ses ouailles
au moyen de ces sonnailles
qui ont toutes, un son différent
un son par troupeau
un son qui porte
loin
filant en lambeaux sur les vents du désert
A entendre, dans
Instantanés du monde à Zura

mercredi 19 septembre 2012

Par amour du son

Un jour, Hadji Ali Maman Souleiman a trouvé que ce serait bien d'utiliser ses cloches
autrement qu'autour du cou de vaches/chèvres/moutons/chameaux
et tient, il les a alignées
dans une boite
sur un axe de bois
et il a appelé ça
Un "Do ré mi fa"
quand il joue, des éclairs de joie allument ses yeux
sa bouche s'ouvre en un sourire
édenté
c'est pour ça, aussi, qu'il a inventé son instrument
il n'avait plus de dents...
plus moyen de jouer de la guimbarde!
Il le raconte, dans:
Instantanés du monde à Zura
Photographie © Anne Bonneau

mardi 18 septembre 2012

Qu'importent les années...


Il connait son nom
le nom de son village
son métier, sur le bout des doigts
le nom de chacune des sonnailles qui naissent dans son atelier
mais son âge
alors ça...
Il a 65 ans peut-être
ou bien 75
il se gratte la tête
demande à l'entourage
qui rit.
Qu'importe
va pour 75.
Il décide alors qu'il est trop vieux, maintenant
et qu'il doit se reposer
mais rien à faire
son atelier l'aimante
il donne une âme aux clochettes de fer
il en parle avec gourmandise
comme d'une amante
écoutez-le, dans
Instantanés du monde à Zura
Photographie © Anne Bonneau

lundi 17 septembre 2012

Ces images que vous inventez...

Il y a ces images qui naissent dans vos têtes
en écoutant les sons
ces myriades
précieuses
et intimes
il y a ces images
que j'ai capturées pour vous
juste
une pincée
de ce que vous pourrez
imaginer...

Entrez, vous verrez


On arrive comme le vent
dans les villages
sans être annoncé
et on entre
partout.
On nous ouvre
les ateliers
les maisons
les cours où vivent  les femmes
Fatima bahan a l'air de trouver ça naturel
elle poursuit son travail
entre fabrication des sonnailles
lessive
cuisine
ordres donnés à ses cinq filles
pour un peu
elle nous donnerait aussi quelque chose à faire
plutôt que de s'agiter avec ce micro
un truc utile, quoi
pas, que du vent...
Ecoutez-là, dans :
Instantanés du monde à Zura
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 14 septembre 2012

ça va chauffer...



On est passé le voir, un jour, pour discuter 
et il nous a invité, le lundi suivant 
à venir manger du feu 
à l'heure du souper 
dans une petite chapelle sans grâce que l'on n'avait même pas remarqué 
ça ne se refuse pas 
le soir, il était là 
le feu chauffait tranquillement 
on n'était pas tout seul invités 
il y avait foule de villageois 
qui venait le voir 
manger 
du feu 
le Swami, dieu-vivant, a longtemps mâché des feuilles de bétel 
puis les musiciens sont arrivés 
les prêtres 
les habilleurs 
et puis, le dieu, lui-même
et la nuit a filé
entre transes et éructations.
Comment le swami est-il revenu sur terre, après de telles envolées?
A écouter, dans: 
Instantanés du monde dans les bois sacrés
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 13 septembre 2012

Sept ans d'admiration



Cela fait sept moussons que Michel et Bernard se sont installés dans le Chettinad
Parcourant les villages
s'émerveillant
et s'émerveillant encore devant cette architecture palatiale incongrue
ne cessant de s'émerveiller
Il faut voir, leurs yeux briller, quand ils entrent chez Selvam
découvrant les peintures murales d'une beauté préservée
ça fait long sept moussons
ça fait beaucoup d'humidité
de degrés centigrades
de trucs qui coincent
d'administration 
d’énergie à déployer
pour mener à bien leur mission de sauvegarde du patrimoine
et pourtant
perdez-les dans un village qu'ils n'ont pas encore exploré
et ils s'émerveillent comme des enfants
sept ans
écoutez leur aventure, leur projet dans le Chettinad dans 

IDM KOTHAMANGALAM
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 12 septembre 2012

Impuretés et autres balivernes




Si l'on me parle d'un bois sacré 
je veux y aller 
là, tout de suite 
pour voir 
si l'on me dit qu'il y a des bêtes 
des serpents 
et autres gracieusetés de la nature 
je veux y aller 
pour voir 
si l'on m'y emmène 
je suis 
mais quand au seuil du bois sacré 
on me dit non 
on ne va pas plus loin 
je demande 
pourquoi
Non?
Bon, d'accord, comme c'est un swami qui me dit, que les femmes ne sont pas admises en ces lieux, car elles sont impures, je l'écoute 
et même, j'obéis 
je m'arrête là 
à la frontière 
et cette armada de chevaux, chiens et autres gardiens reçoivent en plein front ma hargne rentrée 
que féminité rime avec impureté, ça, ça me....
Ecoutez le swami en parler dans: 
Instantanés du monde dans les bois sacrés
Photographie © Anne Bonneau

lundi 10 septembre 2012

On dirait que tu serais un dieu...


Les dieux dans les temples/églises/chapelles /pagodes et autres monuments sacrés, c'est bien 
Mais les dieux pour de vrai, c'est mieux. 
non? 
En voilà un.
Enfin, un intermittent de la divinité. 
Un gars, comme vous et moi (enfin, comme moi, pas vraiment, l'homme ne manquera pas de me le faire remarquer... à suivre!) 
Mais qui accepte, lui 
de partager son corps   
avec une divinité 
de temps en temps 
pour rendre service, quoi 
histoire de faire descendre ici-bas 
un peu de divin sur une terre qui ne demande que ça 
Il s'appelle Swami Soubramanien 
Il vous explique, comment il est devenu un dieu vivant, dans ce petit village du sud de l'Inde
dans:
Instantanés du monde dans les bois sacrés
Photographie © Anne Bonneau

mardi 4 septembre 2012

Mon micro, mon dabba et moi


Ces jours-ci pas question de partir comme ça, le nez au vent ( fort, le vent, très fort et incessant) 
sans mon micro, 
bien-sûr 
et  
mon dabba 
une gamelle, si vous préférez. 
Que le cuisinier me tend, chaque matin, sans un sourire. 
Le cuisinier semble ne pas savoir sourire. 
Bref. 
Peut-être parce qu’il sait ce qu’il y a dedans.  
Invariablement.  
Chapati, 
pommes de terre, 
bouillies 
avec un peu de sel. 
Quelques épices 
si son bébé n’a pas pleuré toute la nuit et qu’il s’est réveillé à temps 
et un petit chutney de mangues confites 
Bas. 
Eh, oh, on est dans le désert oui ou non ? 
Oui.
Photographie © Anne Bonneau