jeudi 20 décembre 2012

Coco et moi


Ça fait quinze jours que je suis accro
Coco et moi, on ne se quitte pas
Elle est blanche
Elle est fine
On ne sent qu’elle
Je l’adore
Elle est partout
Depuis les omelettes et puthu du p’tit déj
jusqu’aux parothas frottés d’huile du soir
Et dans les nattes des femmes
Et dans les lampes des temples
Et sur la peau des enfants lisses
Coco
Je l’ai dans le nez
Je l’ai dans le sang
Dans l’estomac aussi
Du matin au soir.
Johnson, mon interprète, m'en vole des pincées 
quand elle est laissée sans surveillance
dans les cours des maisons
au soleil
mutant
doucement
en coprah...
Et dans les cocoteraies ici
sont plantés
aussi
des drapeaux
rouges
avec une faucille
et un marteau
Coco et moi
on ne se quitte pas
Photographie © Anne Bonneau

lundi 17 décembre 2012

Noël sous les hévéas


Ici aussi
il y a comme
un parfum de fête.
Rien d’entêtant
rien d’écœurant
rien de trop.
Juste
un air de fête
qui se balance
dans les courants
que déplacent
les pèlerins
en route vers le temple
de Sabarimala.
C’est
La saison
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 7 décembre 2012

On the road again...

Reprendre la route
qui ne ressemblera en rien à celle-ci...
Quoique...
De l'horizon flou
des regards qui accrochent
des heures de voiture
et d'autres
heures
à écouter.
Y aura-t-il du vent fou
comme dans le Kutch?
Du froid mordant les doigts
comme au Yunnan?
De la poussière rouge
comme au Chettinad?
Follow me! comme on dit ici...
A bientôt...
Photographie © Anne Bonneau

jeudi 6 décembre 2012

Une autre route du thé


"La route sur laquelle nous étions était une ligne droite, infinie. 
De chaque côté, le paysage était brun et aride, à part les buissons chétifs appelés Gando Bavadio. Négligée et indésirable, cette végétation robuste prolifère comme une folle, d’où ce mot « Gando », stupide.
Nous sommes arrivés à Bhirandiyara. 
Notre voiture s’est traînée jusqu’à l’échoppe de thé au bord de la route. 
Les gens ici semblaient différents, habillés différemment, avec des chemises et des tuniques de même couleur que leurs foulards. 
Nous nous rapprochions de plus en plus, pas seulement du désert de sel, mais aussi de la frontière entre l’Inde et le Pakistan. 
La dernière fois que nous étions passés à cet endroit, il y a peut-être un an de cela, je me souviens avoir bu mon thé dans une tasse en terre crue. 
Maintenant, je me trouve en train de tenir une tasse en plastique très délicate, qui menace de se gondoler et de s’affaisser sous le frémissement et la pression de mes doigts…" Ajit Patel, photographe
A regarder, ici
A écouter, là : Instantanés du monde dans le Kutch
Photographie © Anne Bonneau

mercredi 5 décembre 2012

Perdu!

J'avais souri
en lisant le carnet de voyage d'Ajit Patel
ce photographe amoureux du désert du Kutch
j'avais souri
quand il racontait comment il s'était bêtement perdu
dans le désert
avec un guide, et tout
parce que des chemins comme celui-là
il y en a des tas
même si Imranbhai nous assurait
qu'il prenait toujours le chemin de gauche
comme ça on ne pourrait pas se perdre
Comme ça?
Comme ça, on était bel et bien perdus
sans doute pas loin de l'endroit
où s'était perdu Ajit
Brouillé des cartes
eh
à la frontière ou presque avec le Pakistan
Bêtement perdus
C'est ce qu'il aime, ce photographe atypique
des endroits où se perdre
vraiment
écoutez-le, dans Instantanés du monde dans le Kutch
Photographie © Anne Bonneau

mardi 4 décembre 2012

Titre et vertu

"Aujourd'hui, avec ce qui se passe dans le monde, certaines communautés sont cataloguées"
dit le photographe Ajit Patel
dans Instantanés du monde dans le Kutch
Ce n'est pas nouveau
En Inde
on naît
avec le prénom que l'on vous murmure à l'oreille
dans une communauté qui vous colle aux basques.
dans le Kutch
c'est différent.
La notion de communauté ne semble pas aussi lourde
qu'ailleurs
car nécessaire.
Dans le Kutch
cette région reculée
où chaque communauté
joue son rôle
précis
précieux
pour le reste
des communautés.
c'est différent
c'était, différent?
à suivre...
Photographie © Anne Bonneau

lundi 3 décembre 2012

Désert, pas disert

Ajit, c'est plutôt le genre désert
pas disert.
Il est photographe
et il prétend qu'il a mal à la gorge
pour éviter les interviews
Ajit, il est génial
Ses photos du Kutch
que vous pouvez voir ici
sont aussi désertes qu'habitées
et elles disent beaucoup, elles...
Ajit Patel n'est pas du genre à mitrailler comme un " Happy Japanese" dit-il
Il prend le temps
qui est toujours trop court
pour lui
dans le désert
Ajit parle peu
Mais bien
écoutez-le, dans Instantanés du monde dans le Kutch

samedi 1 décembre 2012

Du rêve à l'horizon

Elle rêvait de voir le Pakistan 
alors on est allé
à la frontière
enfin
la frontière
elle est loin
aussi inaccessible
que le désert de sel
qui y mène
mais il est là, n'est ce pas?
le Pakistan
à quelques pas
dans ce marécage gigantesque
où la lumière se tait
contre le blanc de la terre
où l'on se perd
forcément
où le temps s'arrête
car enfin, qui dit qu'il passe, ici?
où ne file
que le vent.
Elle est restée longtemps
à goûter le sel
à laisser voler son dupatta
dans le vent
qui vient du Pakistan
Ecoutez-le, dans Instantanés du monde à Dhordo
Photographie © Anne Bonneau