lundi 29 avril 2013

Hommage


Permal Govindin Poni nous a quitté récemment,
Instantanés du monde se replonge dans les échanges tissés avec lui ces dernières années.
Chez lui, à la Réunion, mais aussi en Inde, où l’homme a su se tourner très tôt en quête de racines, de reconnaissance, ou plus simplement, de connaissance et de compréhension… 
A travers la vie racontée par Monsieur Poni, des années 30 à la Réunion jusqu’à l’Inde des années 70 et d’aujourd’hui, se dessinent les raisons de nos recherches, les fondamentaux de nos vies…
Où il est question de valeurs, d’ambition, d’amour, d’esprit et de raison…
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 26 avril 2013

Trois fois rien

Une lame
une toile
un morceau de bambou
un auvent de tôle
et sous les pieds
la terre battue.
Le bout des doigts
enroulé
de tissu.
Laisser filer les heures
en gestes secs
fendus.
Une lame
une toile
un morceau de bambou
une poignée de jamalacs
qu'on partage
entre ouvrières
un sourire
un éclair d'acidité
quelques mots
et allez.
Une lame
une toile
un morceau de bambou
c'est la vie, à Thrikkaipetta

Photographie © Anne Bonneau

jeudi 25 avril 2013

Calicut, calicot et autres ficelles tordues

Avant il tissait
à Calicut
Sridaran
il tissait
des calicots.
Est-ce à cause du bambou
qu'il est parti?
en tout cas
c'est pour lui.
Tisser ceci
ou cela
c'est selon...
C'est à Calicut
qu'était implantée
l'usine de pâte à bambou
qui a attisé
les foudres
des activistes
du Kerala.
Polluante.
Tuante.
Fermée.
Là.
Alors Sridaran tisse
du bambou
plus loin
plus haut

à Thrikkaipetta

Photographie © Anne Bonneau


mercredi 24 avril 2013

L'amour? quel amour?

Elles font des choses
précises
précieuses
raffinées
que des machines
ne feraient pas.
Elles travaillent
la matière
elles se jouent
des couleurs
des textures
elles cherchent
la veine
le ton
la douceur.
Elles utilisent
le bout
de leur doigt
pour sentir
le grain
la finesse
la beauté.
"L'amour du travail bien fait? Quel amour?
Elles font ça pour manger
c'est tout
et c'est vrai
pour la plupart des artisans"
Bing
c'est Réma
qui en trois mots
me redescend sur terre
Pof
dans la poussière
qui vole partout
ici.
C'est vrai ça.
Ecoutez les femmes tousser
dans "Instantanés du monde à Thrikkaipetta"

Photographie © Anne Bonneau

mardi 23 avril 2013

Nomad's land

Ils vivent là
un moment
près des bosquets
de bambous
et s'en vont
après
en famille
tresser
un peu plus loin.
Ils travaillent là
la journée
en bord de route
et se replient
dans leurs maisons
légères
entre marécage et asphalte.
Ils vivent
du bambou.
Ils fabriquent
des beautés
de paniers
de vans
des choses
utiles
pour l'agriculture.
Et puis ils s'en vont
nomades
au fil des saisons.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Thrikkaipetta"

Photographie © Anne Bonneau

lundi 22 avril 2013

Bread and butter

Il n'y a que des femmes
ou presque.
(eh, c'est un hasard, hein, pas de revanche rapport à l'Instantané de la semaine dernière...!)
Donc
que des femmes
ou presque
débitant
sciant
tressant
des lamelles de bambou.
Une activité menue
qui leur permet
de gagner leur
"bread and butter"
comme dit Réma
dans "Instantanés du monde à Thrikkaipetta"
En un mot
de vivre
toutes seules
dans leur campagne
chez elle
dans le Kerala.
L'Inde rurale?
c'est possible.
Encore possible
et peut-être même
à nouveau possible...
Photographie © Anne Bonneau

dimanche 21 avril 2013

A nu!

ça a commencé un peu comme un exercice
Tiphaine était en stage
à la radio
et je voyais bien
qu'elle bouillait
de mettre la main à la pâte.
Pas le genre à faire des photocop' ou des cafés
comme stagiaire.
Ok!
On s'est dit comme ça
Un 20 minute
pour s’entraîner
c'est bien.
Et au lieu de jouer
avec des morceaux de bandes
(Oui, des trucs que-les-moins-de-vingt-ans-ne-peuvent-pas-connaitre...)
pourquoi pas
faire un making-of
d'Instantanés?
Elle l'a fait.
Drôlement bien fait.
Admirez le travail, en cliquant là :
C'est "Instantanés du monde, comment ça marche"
Par Tiphaine Vittet.
PS. Ayé, Tiphaine n'est plus stagiaire
c'est même elle, qui travaillera
sur le prochain Instantané...
Régalez-vous!

vendredi 19 avril 2013

Pas vu, pas prié

Impossible d'y aller
même pour les besoins
de la cause
de l'Instantané...
Impossible
pour moi
de monter chez Ayapa.
Interdit aux femmes.
Ah.
Ou alors permis
si elles sont très jeunes.
Trop tard pour moi.
Ou très vieilles.
Génial
Pour une fois
qu'il y a un truc
qu'on pourra faire plus tard!
Promis
pour fêter mes 90 ans
je me ferais une petite marche
dans les forêts
de Sabarimala
Cap'!
En attendant
regarder les hommes passer
et les écouter
dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

jeudi 18 avril 2013

Transports communs

Qu'importe le klaxon
pourvu qu'on ait la vitesse
c'est un peu le mantra
que l'on se récite
sur les routes
du Kerala.
Qu'importe la monture
pourvu que la route
vous mène
à Sabarimala
Qu'importe la religion
pourvu que la divinité
vous accorde
tout
ce que vous désirez.
Alors là,
sur ce rickshaw en pèlerinage
on est paré :
Figure de Jésus
et d'Ayapa
Y'a plus qu'à...
Qu'est ce qui fait courir hindous, chrétiens et musulmans chez Ayapa?
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde à Sabarimala"

Photographie © Anne Bonneau

mercredi 17 avril 2013

Mixité, parité et autres calembredaines

C'est un passage obligé
pour les pèlerins hindous
cette mosquée.
Honorer le saint musulman
avant d'aller voir
la divinité.
Obligé.
Ils y vont
tous
apportent des offrandes
cassent des cocos sur le parvis
font le tour du tombeau
et ça se passe bien
du moment
que ce sont
des hommes
et des hommes
seulement.
Pas question
pour les femmes
de s'immiscer
dans cette belle
harmonie
de religions
brassées...
Pourquoi?
Ecoutez leur réponse,
dans "Instantanés du monde à Sabarimala"
Photographie © Anne Bonneau

mardi 16 avril 2013

Marche à pied

 52 kilomètres à pied
c'est le chemin
pour arriver
chez Ayapa
dans le temple
où cette divinité médite
tranquille.
Tranquille
sauf durant deux mois de l'année
où les dévots viennent le visiter
apporter sur leur tête
offrandes sucrées et parfumées
attirant dans leurs relents
les animaux sauvages
vivant
là-haut
tranquilles.
Tranquilles
dix mois par an
Instantanés du monde a suivi les pas
de ces pèlerins-qui-n'ont-peur-de-rien
enfin
presque tous...
Ecoutez-les
dans "Instantanés du monde à Sabarimala"
Photographie © Anne Bonneau

lundi 15 avril 2013

Petit pèlerinage entre amis

Impossible de les rater.
Ils sont nombreux
et colorés
ils sont
quelques dizaines de millions
30?
50?
ça dépend des années
Mais il y a cinquante ans
ils n'étaient qu'une pincée
à se rendre
à Sabarimala.
Des dévots
motorisés
venant
de l'Inde entière
"et même des étrangers"
vous disent-ils
C'est maintenant
ou jamais
Enfin si
l'année prochaine, quoi
Assistez à l'un des plus grands pèlerinages du monde
dans "Instantanés du monde à Sabarimala"
Photographie © Anne Bonneau

samedi 13 avril 2013

Oublier la flamme

Pas de montre aux bras des hommes
de toute façon
elles fondraient fissa...
L'horaire
c'est le creuset
qui le donne
quand le cuivre et l'étain sont fondus
quand l'alliage est coulé
voilà
c'est terminé.
les hommes achèvent alors
leur journée.
Après?
Après ils s'arrêtent parfois
ou peut-être
souvent
à la boutique de todi
l'alcool local
pour tenter
d'oublier
la flamme
qui les consume
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Mannar"
Photographie © Anne Bonneau

vendredi 12 avril 2013

La fin du feu

"Regarde ce travail : c'est un boulot très dur ! 
Et c'est dangereux aussi. 
Tu vois la chaleur qu'il fait ici, on  peut pas supporter ça. 
La nouvelle génération ne pourrait pas supporter ça. 
Les jeunes ne veulent plus ce genre de travail et ils cherchent d'autres boulots ailleurs. 
Et puis, ailleurs, ils gagnent beaucoup plus qu'ici. 
Il y en a beaucoup qui partent dans les pays du Golfe. 
Comme on ne trouvait plus personne,
on a embauché des ouvriers qui venaient du Bengale. 
Ils n'ont pas supporté eux-mêmes. 
Ils sont repartis chez eux vite fait ! 
Dans quelques années tout ça va disparaître on ne pourra plus fabriquer tout ça."
Praddibh, ouvriers des forges
A écoutez, dans "Instantanés du monde à Mannar"

Photographie © Anne Bonneau



jeudi 11 avril 2013

ça tourne

Dans cette fonderie de cloches
il y a ceux
qui sont au charbon
activant les feux
faisant ruisseler
les alliages en fusion
et ceux
qui tapotent
l'argile
qui façonnent
la cire
qui
assis par terre
cassent au marteau
des menus morceaux de tuiles.
Qui se la coulent douce?
mouais...
En fait
ça tourne
les tapoteurs
échangent
avec les brûleurs.
Eh.
La vie dans les forges du Kerala
c'est dans "Instantanés du monde à Mannar"

Photographie © Anne Bonneau

mercredi 10 avril 2013

Hypnotisée, envoûtée, ensorcelée...

C'est l'effet que ça m'a fait.
Captivée.
Je crois même que c'est pour ça
que je ne comprenais rien
de ce que l'on m'expliquait...
En fait
j'écoutais pas...
Tellement séduite
par l'esthétique
de cet endroit...
Au fil des heures
la lumière qui se faufile
sous les tôles
les fumées
les gerbes d'étincelles
l'éclat des lampes
les creusets en fusion
la poussière qui vole sous les pieds nus
hypnotisée
envoûtée
ensorcelée...
Ecoutez, ça s'entend!
dans "Instantanés du monde à Mannar"
Photographie © Anne Bonneau

mardi 9 avril 2013

Un ange passe

Elle est apparue d'un coup
entre les fumées
et les scories
elle venait voir sa statue
son oeuvre
ce St François d'Assise
fondu par la communauté Vishnoukarma.
A ses côté
sa famille d'artistes, comme elle
un mari peintre
une fille danseuse
un fils acteur
et mordu de croquis
qui me réclame mon carnet
pour me brosser le portrait.
Et tout à coup
cette volées d'artistes en kadhi blanc
disparaît fissa.
Il reste cette photo
et le croquis
dans mon carnet.
Et bien-sûr, les mots de Menni
dans "Instantanés du monde à Mannar"

Photographie © Anne Bonneau

lundi 8 avril 2013

Je comprends rien

Rajapan est très enthousiaste.
On peut dire ça comme ça.
En vérité en vérité
Rajapan est survolté
quand il s'agit de parler
de son métier.
On dirait pas comme ça, hein?
Croyez-moi...
Il bondit
veut tout nous montrer
passe de la coke à l'âme
l'âme de ses cloches
saute au-dessus des feux
me sème en route
cause toujours
n'arrête pas...
Moi
je comprends rien
du coup.
Johnson a du mal à traduire
vu que l'autre
ne l'attend pas
plus que moi...
Bon
Finalement
après quelques heures
on a trié
remis dans l'ordre
compris
Allez hop, à écouter, chaud bouillant,
dans "Instantanés du monde à Mannar"

Photographie © Anne Bonneau


dimanche 7 avril 2013

De la braise

C'est le Dr Sujatha qui m'a amenée là
dans cette fabrique d'un autre âge
dans son village
du Kerala.
Pensant
que cela pourrait m'intéresser
Elle est resté en arrière
bien sage dans son sari
et moi
je me suis jetée
dans ce maelström.
900 degrés
c'est la température
nécessaire pour faire fondre l'alliage.
Les ouvriers m'ont regardée
bouche bée
tendre mon micro vers les flammes
me couvrir au fil des heures
de la même poussière qu'eux
mâtinée de sueur.
Forcément
ça créé des liens...
écoutez crépitements et confidences
dans "Instantanés du monde à Mannar"

Photographie © Anne Bonneau

vendredi 5 avril 2013

boire, Boire, BOIRE!!!!

A quoi pousse l'Instantané?
Aux rencontres
aux interviews
vous le savez...
Mais aussi
au thé.
Boisson essentielle
dans l'élaboration
des émissions...
Ma tasse ne me quitte pas
sur mon bureau.
Oh, pas des thés sophistiqués
comme celui-là sur la photo
ni lait
ni sucre
ni cardamome
ni gingembre.
Juste
du
bon
thé.
Dans "Instantanés du monde à Vandiperiyar"
mes fabricants de thé
préférés
vous donnent
leurs meilleurs recettes!
écoutez...

Photographie © Anne Bonneau

jeudi 4 avril 2013

Fin de journée

Allez zou
on replie!
A cinq heures
en fin de journée
les cueilleuses
font leur sac
leur cueillette
emballée
dans ces sacs de jute
et hop
dans la benne
qui les ramène
à la fabrique.
pas question de traîner.
Au crépuscule
bisons
éléphants
voire
tigre
peuvent rôder
dans les parages.
Bon, il arrive ce camion?
En route, dans "Instantanés du monde à Vandiperiyar"

Photographie © Anne Bonneau

mercredi 3 avril 2013

Entre collègues...

Qu'est ce qu'on se raconte
entre collègues
dans les plantations de thé?
Ben,
ce qu'on a vu
hier soir
à la télé!
On taille des bavettes
et des jeunes feuilles de thé
on commente
les derniers épisodes
des feuilletons.
On chante aussi.
On partage les soucis.
Bref, la vie quoi
dans les théiers du Kerala.
Ecoutez les cueilleuses en parler
dans "Instantanés du monde à Vandiperiyar"

Photographie © Anne Bonneau



mardi 2 avril 2013

Bonnes feuilles


Juste un brin d'amertume...

Dans cette plantation du Kerala
on ne cueille plus le thé
à la main.
Il y a des cisailles maintenant
moins fines
mais
plus rapides.
Vu
qu'il y a moins
de cueilleuses.
" Je fais ce métier pour pouvoir donner une éducation à mes enfants.
je ne voudrais pas qu'elles soient cueilleuses, elles aussi!"
Ecoutez Sharmila, dans "Instantanés du monde, à Vandiperiyar"

Photographie © Anne Bonneau

lundi 1 avril 2013

Un petit premier

Du premier au dernier jour
en reportage
on se lève tôt
voire
très tôt.
Ce qui est bien
en Inde
c'est qu'il y a toujours
toujours
toujours
une boutique de thé
ouverte
même
très très tôt.
On s'en jette un
vite fait
et à la fin
tout à la fin
avec les gars
on fait un Top Ten
des meilleurs thés
bus
on the road...
On en cause,
dans "Instantanés du monde à Vandiperiyar"

Photographie © Anne Bonneau