lundi 30 juin 2014

Loin du continent

Elle n'est pas bien loin
du continent africain
l'île de Zanzibar.
Mais pourtant
à causer avec les vieux
elle semble
à des lieues.
Levant le bras
faisant voler
leurs larges manches
blanches
ils tranchent.
Là-bas
là-bas
et quand ils disent cela
leur main s'envole
loin.
Au bout de leur doigts
il y a
loin
le Tanganyika.
Ils l'appellent encore comme ça.
50 ans tout juste
que le Tanganyika
est parti à vau-l'eau
ça en dit long
sur la relation
que Zanzibar
entretient
avec
son plus proche
voisin.
A écouter dans "Instantanés du monde à Stone Town" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 27 juin 2014

Les filles du quai

Au snack du p'tit quai
à Nuku Hiva
Marquises
il y a des filles
qui servent
qui font la cuisine
d'autres qui mangent
qui boivent
et discutent
et des qui font la vaisselle.
Et elles sont toutes mélangées.
Celle-ci
aux allures de princesse
je la prenais pour une touriste
avec son p'tit short
et ses yeux clairs.
En vérité en vérité
elle me servait mon sashimi
le lendemain
au p'tit dej.
Bon.
Celle-là est prof de gym
elle me l'a dit
mais elle donnait un coup de main
à emplir
les assiettes de méchoui.
Bon.
C'est ce que j'ai le plus aimé
au p'tit quai
je crois
ce mélange des genres
et surtout
surtout
cette gentillesse
cette affabilité
cette bienveillance
et le sourire perpétuel
de Sandra.
Ah, les filles du p'tit quai...
Ecoutez-les rire, dans "Instantanés du monde au p'tit quai" (cliquez ici vous les entendrez)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 26 juin 2014

Bonne baie

Vue d'en haut
sur Google map
ou bien
du haut de la vallée
comme vous voulez
la baie de Taiohae
ressemble
au creux de mon bras
parfaite
pour abriter
pour chérir
ou consoler.
Vue d'en bas
elle est pareille.
Parfaite pour abriter
les bateaux
les femmes
et les chevaux.
Un port idéal
aux marées douces
(quand il n'y a pas de tsunami, si si, y'en a, j'y étais, au dernier, un tsunami doux, mais un tsunami)
et aux sons merveilleux
pas trop de vent
du sable ici
pour glisser
sous la vague
des galets à l'autre bout
pour rouler dans mon micro.
Ecoutez-la, la baie, la mer, et tout ce qui va avec
dans "Instantanés du monde au p'tit quai" (cliquez ici pour entendre l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 25 juin 2014

File, bourrasque!

File!
c'est un peu ce que m'a dit Sandra
alors que j'étais là
à siroter
mon jus de pamplemousse
en fin de repas.
"File, Anne, ça commence! Laisse tomber, tu paieras plus tard!"
J'ai filé
vers ces cérémonies
que l'on m'avaient promises
pour hier
ou avant-hier
et qui finalement
avait été repoussées
à cause du vent
ou je ne sais plus quoi
bref
je file
je suis le vent
le son des Pahu
et tombe sur une fête
parfumée comme un accueil
bruissante de chants
avec un gars
qui faisait escale
dans son tour du monde.
Yvan Bourgnon
c'est le gars
à côté d'Henri.
Trop heureux d'être là
trop cool
trop souriant
trop au rythme d'ici
avant de repartir.
On a causé.
S'est serré la main
sa main
qui ressemble à un pied
tellement bardée de cals.
Ecoutez-le
Yvan Bourgnon
le voyageur
qui a pris de la graine
des navigateurs du Pacifique
dans "Instantanés du monde au p'tit quai" (cliquez ici pour écouter Yvan Bourgnon)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 24 juin 2014

L'homme à la fleur

On s'est rencontré le premier jour
Henri
je veux dire
le premier de mes jours
à Nuku Hiva.
Et là
quelqu'un m'a soufflé
"Tu devrais lui parler"
Henri est assis au petit quai
après avoir passé des heures à la pêche
ou à l'école
ou à la mairie
ou tout ça
dans l'ordre
ou pas
et il est là
chez lui
au snack
l'endroit
où tout le monde converge.
Une mine.
Je l'ai salué
et lui ai proposé de causer.
En précisant
qu'il n'y avait pas d'urgence
que je venais d'arriver.
Il a souri
on a causé
ce premier jour
et puis les jours d'après
et enfin
à quelques heures de mon départ
je me suis dit
mince
et Henri?
Quand j'ai sorti mon micro
pour l'enregistrer
il m'a arrêtée.
A cueilli une fleur de tiaré
l'a posée sur son oreille
et là
il a causé.
Ecoutez-le
dans "Instantanés du monde au p'tit quai" (cliquez ici et vous entendrez Henri)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 23 juin 2014

Au p'tit quai

C'est là que j'ai posé mes premiers pas
en arrivant
à Nuku Hiva
au quai.
Au p'tit quai
et je devrais même dire
chez Henri
au p'tit quai.
Henri
il appelle cet endroit
simple et accueillant
"le centre du monde"
Si
seulement
le monde
était à l'image
de ce centre-là
simple
et
accueillant.
J'ai passé du temps
beaucoup de temps
au p'tit quai
à causer
enregistrer
boire des jus
boire la lumière
du couchant
du p'tit matin
boire les sons
des voix
de la mer
juste
devant
des oiseaux
des poules
des accents.
Cadeau.
Dans "Instantanés du monde au p'tit quai"  (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 20 juin 2014

Ceci n'est pas un cimetière

Mais bel et bien une tombe.

toute seule
devant la porte
de la maison.
Comme toujours
à Raivavae.
On ne va tout de même pas
parquer les morts
loin des yeux?
Alors que là
devant la porte
voire
au milieu du salon
si si
au milieu du salon
sous la terre hein
mais au milieu du salon
au moins
on les voit
on pense à eux.
Même la Pasteur
qui n'est pas d'ici
a été surprise
à sa première
mise en bière.
On s'y fait
dit-elle.
Ecoutez-la dans "Instantanés du monde à Vaiuru" ( cliquez ici pour entendre ces liens très spéciaux avec le passé...)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 19 juin 2014

Elles sont là


Elles sont là
à la maison de prière
plusieurs fois par semaine
elles sont là
aussi
quand il faut nourrir le monde
elles sont là
quand il faut recevoir
dignement
comme chaque semaine
après la séance de catéchèse
elles sont là
et ne viennent pas les mains vides
elles apportent
pour le dîner
de 6 heures
tout ce que la terre
peut porter
de fruits
de légumes
de viandes
et tout ce que la mer
peut fournir
de poissons
de crabes
et autres bestioles
des eaux.
Elles sont là
les piliers
de Madame la Pasteur
"Ici, je n'ai rien à faire!"
dit-elle avec son bel accent chantant
car
elles
sont
là.
Ecoutez-les rire et chanter
en plus
dans "Instantanés du monde à Vaiuru" ( cliquez ici pour entendre les femmes )
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 18 juin 2014

Jésus revient

Ne me dites pas
qu'un gars avec une guitare
dans une église
ne vous fait pas penser
à "Jésus revient"?
En vérité en vérité
celui-là ne joue pas
ce genre de truc
et d'ailleurs
même pas
dans une église
mais un chant
bien de chez lui
avec des mots supers longs
et supers rythmés
que je ne comprends pas
et avec une brochette
de jolies dames
devant lui
qui se tiennent les côtes de rire
en trébuchant
sur le do.
Mettre des guitares
et des ukulélé
dans son culte
c'était le vœu
de Madame la Pasteur
d' Anatonu.
Des fleurs
des chants
des rires
une façon
de rendre hommage
au dieu.
ça a du sens?
Pas pour tout le monde...
Ecoutez ça, dans "Instantanés du monde à Vaiuru" (cliquez ici, vous entendrez bien que le gars ne chante pas "Jésus revient"!!!)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 17 juin 2014

Crépusculaire

Je me suis fait embarquer
un soir
par la pasteur
qui allait à Vaiuru
pour un truc de prières.
J'étais à vélo
son mari a jeté mon vélo dans le pick-up
et allez zou
on est descendu
à la maison de prière.
Je voulais voir.
En arrivant
j'ai rajusté
tant bien que mal
un petit coton
sur mes épaules nues
et je suis entrée
derrière Madame le pasteur.
Les paroissiens étaient sérieux comme des papes
mais elle
jouait avec ses cheveux
ses tongs
claquait de la langue
des mains sur ses cuisses
se balançait sur sa chaise
et rigolait à pleine gorge.
Je n'ai rien compris à leurs prières
mais
bien senti
le décalage
entre la guide spirituelle
et ses paroissiens.
Elle en parle
dans "Instantanés du monde à Vaiuru" (cliquez ici, vous entendrez l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 16 juin 2014

Appelez-la Madame

On me donne souvent des conseils
quand j'arrive


je ne connais rien.
Un conseil qui revient souvent
c'est d'aller rencontrer le maire.
Ah.
Je le suis jamais.
Préfère les chemins de traverse
que les allées pavées.
Pavées de tout ce que vous savez.
Bref
j'y vais pas
en revanche
quand on m'a dit
tu devrais aller voir
la pastoresse
ça a tilté
je sais pas si c'est juste
le féminin
ou
que j'aimais bien
son coin.
Je l'ai dérangée
chez elle
elle était affalée
en paréo
sur son canapé en skaï rouge
elle avait vraiment l'air
très jeune
et très cool.
Elle a rit en me voyant débarquer
m'a fait une place
sur son canapé
et
elle a causé.
J'ai aimé ce conseil-là.
Ecoutez-la
dans "Instantanés du monde à Vaiuru" (cliquez ici pour l'entendre) Photographie©Anne Bonneau

dimanche 15 juin 2014

Tombé du ciel

Alors que l'on partait
pour la pêche
dans notre bateau
chargé
de copains
d'un Portugais
et d'une Parisienne
un gars
sur un catamaran
dans le port
a demandé
à Paco
s'il pouvait venir avec nous.
On était déjà assez pour l'esquif
Paco lui a dit
"La prochaine fois!".
Le soir
en rentrant au port
Paco a fait un petit crochet
vers le catamaran
alpagué le gars
et lui a lancé
un poisson
sur le pont.
Voilà.
Le gars est resté bouche bée.
C'est comme ça.
Ecoutez Paco parler
du nécessaire équilibre
et du partage des ressources
il le fait bien
dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" (cliquez ici pour l'entendre)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 14 juin 2014

Insolente indolence

J'ai cliqué cette photo
- et le son qui va avec-
du fond d'un hamac.
Eh oui.
Après manger.
ça arrive
il y a des moments
super brefs
où l'on peut
faire du son
depuis un hamac.

pendant que les gars
débarrassaient le pique-nique.
Je crois que j'avais un petit coup de mou
après la longue matinée en mer
et sur une île
et sur le récif
et dans le vent
à me battre
avec micros et bonnette
et jurer non stop
parce que ça sature
que je ne vois pas les niveaux
que je vais glisser
que je vais tomber à l'eau
que je vais gêner
me piquer aux hameçons
aux harpons
me prendre les vagues
dans l'objectif
que je crame
que le gars se met à crier au milieu de l'interview
-pour alpaguer son pote sur le récif-
et que s'il met la radio
ce sera pas raccord
dans mes coupes.
Bref
tout ce que j'aime
quand je suis en reportage
qui fait
que je ne m'ennuie
jamais.
Jamais.
Jamais.
Même dans un hamac.
Quoique.
Allez, on y va?
Ecoutez, la mer, sans le vent pourri qui scratche tout
dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" ( cliquez ici vous entendrez)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 13 juin 2014

A boire et à manger

C'est vrai depuis des lustres
et ça se confirme
ici
aux Marquises
si tu plantes
tu pêches
tu chasses
tu ne meurs pas de faim.
C'est pas une raison
pour se baffrer de poulpe
ou de langouste
en cas de bonnes prises.
Paco est un sage.
Il prend son poulpe
se lèche les babines
en pensant au lait de coco
qui va l'accompagner
et il remonte dans le bateau.
Protégées, les bestioles?
Paulo rigole.
Il y a des réglementations bien sûr
mais faudrait que la langouste
comprenne
que se reproduire
à Noël
c'est pas du tout raccord
avec les envies
de tous ceux
qui ne sont
pas
si
sages...
Ecoutez les gars peser la chance de survie des espèces
dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau



jeudi 12 juin 2014

Petits mots de mer

Je suis nulle en mer
je sais jamais
ce qu'il faut mettre
ce qu'il faut prendre
bref
j'oublie tout
Tuhuna me cède sa casquette
Paulo sa crème solaire
je suis nulle en mer, vous dis-je
et en plus
j'aime pas ça.
J'ai le mal de mer
j'ai peur
c'est froid
ou trop chaud
bref
pas mon truc.
Sauf que là
avec la casquette de Tuhuna
et la crème de Paulo
les anecdotes de JF
et les moqueries de Paco
j'ai pas vu le temps passer
j'ai admiré
les dauphins
les bleus-tous-plus-bleus-et-tous-si-différents
les leurres à thon ( si si, c'est beau un leurre à thon!)
les chevaux sauvages sur les crêtes de la terre
les raies manta sur les crêtes des vagues
et j'ai pas vomi.
Même quand Tuhuna fumait
même quand Paco a tué le poisson
et qu'il a croqué le coeur
comme ça
tout cru.
J'ai adoré
ces eaux-là
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 11 juin 2014

Tous les horizons


Dans le bateau
autour de Paco
il y a des gars
qui ne sont pas d'ici
mais qui un jour
sont passés
et se sont dit
tient
et pourquoi
je ne reviendrais pas
là?
Et qui sont revenus
vraiment
( pas comme des fois où on dit, ohhhhh j'adorerais vivre ici, et on tourne les talons et on revient plus jamais, parce qu'on n'a pas le cran, le temps, la force, la joie, bref... Vous voyez ce que je veux dire?)
Eux
sont revenus vivre
aux Marquises.
Des sortes de
Brel et Gauguin
oui
mais nettement plus intéressants
car nettement plus en vie.
ça fait une fine équipe
avec Paco
Paulo
le Portugais
le cuistot
et son p'tit mousse.
Passer une journée
en mer
avec eux
vous promet
force rigolades
et découvertes.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" (cliquez ici pour partager leur journée)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 10 juin 2014

A l'écoute des eaux

On était parti à la pêche
avec des cannes
et des moulinets
des trucs pour attraper
des gros poissons
quoi.
Et puis
au vu
du récif affleurant les eaux claires
le bateau vire de bord
trace un arc dans une baie déserte.
Et que tout le monde
saute à l'eau
pic en main.
Et nos gros bras
de se transformer
illico
en sortes d'échassiers délicats
marchant sur les eaux
et battant les poulpes
telles des lavandières.
Côté son
drôlement plus délicieux
que le moteur à donf.
Ecoutez ça, dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" ( cliquez ici pour entendre ressac et marées, et des gars, qui en parlent)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 9 juin 2014

Une bande de gars

Ils sont quatre hommes
et ce petit gars
à partir à la pêche
dans les eaux de Tahuata.
C'est comme ça
la pêche ici
un truc de gars
par tradition.
Paco vous raconte
que dans son enfance
il y avait deux équipes
chez lui
ses 18 frères et soeurs
se partageaient la tâche
les uns à la pêche
les autres à la chasse
et fallait
que tout le monde mange
le soir.
Aujourd'hui
ça marche toujours un peu comme ça
si tu veux du poisson
tu vas à la pêche
et tu apprends
aux petits gars
à pêcher
aussi.
Pour qu'ils mangent
et
qu'ils trouvent une femme.
Si si
c'est Paco qui le dit
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde dans les eaux marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 7 juin 2014

C'est pas pour les cochons!

S'agit pas de lui refiler n'importe quoi
au "patron du café"
comme on appelle ici
le torréfacteur de l'île
"Il a l'oeil! il refuse si on lui donne des grains mal triés!"
Le tri du café
se fait à la maison
et ce qui n'est pas bon
" On le donne aux cochons?"
Là, c'est moi qui pose la question
ça fait quelques semaines
que je traîne mes basques par là
j'ai bien compris
que rien ne se perd
ici.
Tehei rigole
" Ah non, ce qui n'est pas bon c'est pour la maison!"
...
Si vous pouviez entendre
le nombre de questions idiotes
et autres bêtises
que je peux débiter
en reportage
 - toutes ces bribes d'enregistrements qui partent illico à la poubelle!-
Je vous assure
que vous me prendriez
vraiment
pour une demeurée.
C'est un peu l'effet que j'ai fait

chez Tehei.
Vous ne l'entendrez pas dans "Instantanés du monde à Vaionae" ( cliquez ici, écoutez )
Non mais.
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 6 juin 2014

Le silence

Ils ne sont que deux
ce matin
dans leur plantation.
C'est peu
mais le problème
est que la main d'oeuvre est rare
et chère.
Enfin, il faut la payer, quoi.
"Le mieux c'est de venir avec tes enfants"
me dit-on
oui mais les enfants
vont à l'école
c'est ça le problème.
Ah.
Mamie Paré se souvient
dans "Instantanés du monde à Vaionae" (cliquez ici, vous l'entendrez)
des tâches
et autres corvées
de son enfance
sous les caféiers
"ça chantait, ça oui, tout le monde chantait!"
Aujourd'hui
il y a un grand silence
dans les plantations
de café
de Rurutu.

Photographie©Anne Bonneau

jeudi 5 juin 2014

C'est comme ça, ici

On monte en camionnette
et c'est Tehei qui conduit.
Son père saute dans la benne
avec une grappe de coco
pour les cochons.
On va au café
et on passe voir les animaux
au cas où
ils se seraient fait attaquer
par les chiens errants.
On casse un coco frais
on boit l'eau
on donne le reste au cochon
C'est comme ça ici.
dit Tanea
On cultive un peu pour les hommes
un peu pour les animaux.
L'argent du café?
Pour payer l’électricité.
C'est comme ça ici
dans les îles.
Ecoutez la riche simplicité des planteurs de Rurutu
dans "Instantanés du monde à Vaionae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 4 juin 2014

Du bout des doigts

Où sont les mains?
Où sont les mains
les bras
les doigts
où sont les gars
- qui sont souvent des filles dans ce cas-là -
qui savent
qui veulent
qui peuvent
qui doivent
cueillir le café?
Plus là.
Je me souviens
m'être faufilée sous des caféiers indiens
où l'on ramasse en égrenant les branches
rouges
vertes
noires
toutes les cerises y passaient.
ça faisait des sons merveilleux
quand elles tombaient sur les bâches ou dans les paniers dessous.
On cueillait tout d'un coup
sans réfléchir
ça permettait de passer une seule fois
vu que la main-d'oeuvre
se faisait rare.
Ici
on cueille
juste
les grains rouges
du bout des doigts.
Le son est moins bon.
Mais le goût meilleur.
Et forcément
la production
plus
élitiste...
Plus assez de doigts...
Ecoutez-les, en finesse, dans "Instantanés du monde à Vaionae" (cliquez ici pour entendre les sons)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 3 juin 2014

Dernière mouture

Quand il lève le couvercle de la marmite
Jacques Delbos
le parfum
du café
fraîchement torréfié
empli
l'appentis
chauffé à blanc.
Ce n'est pas pour vivre
qu'il fait ça
ce n'est pas pour manger
juste
pour passer le temps.
Son café
il est bon.
Alors un jour
un Américain
style un "Georges qui aime les capsules"
lui a demandé
de lui fournir
ce café des îles
pour allonger sa carte
de cafés de partout.
Jacques a dit non.
D'abord parce "qu'il fait chaud, et qu'à un moment, y'en a marre de torréfier"
et aussi
parce que c'est peut-être bien
la fin
du café
de Rurutu...
Ecoutez donc pourquoi, selon lui
dans "Instantanés du monde à Vaionae" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 2 juin 2014

Travailleurs de l'ombre

On ne les voit pas
on les entend à peine
évidemment
le café
pousse
dans l'ombrage
des grands acacias.
Ceux qui le cueillent
vivent
dans la discrétion
de villages minuscules
d'îles non moins
minuscules.
Mais là
à Rurutu
cette cueilleuse
vous révélera
pourquoi
ses semblables se font rares
sous les caféiers...
"Ils disent que c'est un métier de pauvres! Que c'est difficile! C'est pas difficile! C'est les gens qui rendent la vie difficile"
Ecoutez-là, dans "Instantanés du monde à Vaionae" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 1 juin 2014

Byzance!

On a beau savoir
que tout ça
est bien organisé
bien prévu
bien rémunéré
tout ça
l'accueil
les danses
les guirlandes
et les fruits
on ne peut s'empêcher
de tomber à genoux
mains tendues vers le ciel
(au moins, minimum, voire, pleurer de joie)
devant
l’opulence
des parfums
des saveurs
des sons
de la gaîté
qui font pétiller
tout
ça.
Folklore, business ou tradition?
Qu'en pensez-vous?
Des éléments de réponse
dans "Instantanés du monde à Taukua" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau