vendredi 31 octobre 2014

Travailler plus

J'ai failli m'étouffer
avec Tanea
quand l'air de rien
tout en coupant son taro
il m'assure
qu'ils ne peuvent pas
faire QUE ça
QUE du taro.
Non, il faut travailler plus
dit-il
en ajoutant
"Il l'a bien dit, monsieur Sakouzi! Faut travailler plus!"
Et il s'étrangle de rire.
Travailler plus
une évidence ici
si l'on veut pouvoir manger.
Mais pas que.
Pour gagner plus aussi.
" à cause de ça"
dit Tanea
en regardant l'ampoule électrique
au-dessus de sa tête.
Payer des choses
qui n'existaient pas
avant
pas très longtemps
auparavant.
Ecoutez-le rire. Mais pas que. dans "Instantanés du monde dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau



jeudi 30 octobre 2014

Cadran solaire

Ils viennent ici à quatre heures
le matin.
il fait encore nuit
ils portent une lampe frontale
et bossent
jusqu'à ce que le soleil descende
d'abord sur la montagne
sur la cime des palmiers
et quand il menace d'atteindre
la plantation de taro
hop
ils filent.
"ça tape trop!"
Il est alors
six heures et demi
l'heure d'aller prendre le café
et de s'occuper des cochons
avant la pêche
C'est dur?
"Non, on travaille entre copains. et c'est beau tout autour. On peut regarder les taros pousser."
Ecoutez ces jeunes gens
calés sur le soleil
dans "Instantanés du monde, dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 29 octobre 2014

Oh mon taro ooooooh!

J'aurais pu rester des heures
dans les tarodières
rien que pour la beauté
des feuilles
quand une rafale de vent
les transforment en océan.
J'aurais pu rester des heures
pour voir les gouttes de pluie
des averses brèves
rouler en mercure
et rebondir au creux.
J'aurais pu rester des heures
pour écouter le son de nappe
que l'on secoue
quand elles s'égouttent
avec l'écho
des feuilles de bananiers
derrière
et les abeilles
sur les nénuphars
des petits canaux
coulant doux
entre les herbes grasses.
Jusqu'à ce qu'un gars se pointe
avec sa débroussailleuse.
Bon
faut bien y aller, hein,
Ecoutez les tarodières vous parler
dans "Instantanés du monde dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 28 octobre 2014

Un truc de fille?

Il n'y avait pas beaucoup de filles
dans les tarodières
que j'ai traversées.
Et d'ailleurs
il suffisait que je dise
"ah, ce matin à cinq heures, j'étais dans la tarodière"
pour qu'on ouvre des yeux ronds
style
que j'aurais pu y croiser le loup.
Apparemment c'est pas bien
pas un truc de fille.
Bon.
J'y ai croisé de tout
pas le loup
mais
un chien jaune
qui n'aboie pas ( pas bon pour le son)
et mord direct (pas bon tout court)
dixit son maître
qui par chance
n'était pas loin.
Des gars de tout âge
et de tous gabarits
des jeunes
des vieux
et Tehei.
Une fille
et même une belle fille
qui ne s'en laisse pas conter
et bosse
aussi
aux côté de son père
dans la tarodière.
"Quand on n'a pas fait assez de garçons, ça finit comme ça : les filles nous aident, à la tarodière"
Ecoutez-les tous évoquer "la tarodière"
c'est un monde
dans "Instantanés du monde, dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour trouver l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 27 octobre 2014

Petit exercice matinal

Ils viennent avant le café
à quatre heures du mat'
et font leur "sport"

en plein air.
Donnez-leur une bêche
une acre de terre lourde
gorgée d'eau
et ils s'éreintent.
Enfin non
ils entretiennent leur forme
dans les champs
de taro.
Je ne sais pas si c'est parce que je suis là
à les regarder
qu'ils optent pour une telle cadence
et que d'habitude
ils la jouent plutôt
tranquillou.
Allez savoir.
En tout cas
ils soufflent comme des locomotives
entre les questions
que je leur pose
et avouent
qu'ils n'ont pas besoin de pirogue
-le sport national-
pour s'entretenir.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde dans les tarodières des Australes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 26 octobre 2014

Jour de fête, 3

Encore la fête?!
Promis, après celle-là j'arrête.
Jusqu'à la prochaine.
Faut dire
que ça n'arrive pas si souvent
les mariages
dans les vallées marquisiennes.
On ne se marie pas quand on veut
on regarde d'abord les plannings de rotation
du prêtre.
Quand est prévue sa venue
et on attend.
"Les gens ont de la patience, ici, alors ça se passe bien"
dixit Monseigneur.
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 25 octobre 2014

Faute de grives


Elles ne finissent pas de me surprendre
ces mini-églises
maxi-chapelles
des vallées.
Fermées
ou
ouvertes sur le vide.
On peut entrer
ou pas.
On n'y dit pas la messe
le prêtre ne vit pas là.
Alors
on a instauré ici
des Tumupure.
De Tumu, le tronc
et Pure, la prière.
J'ai demandé bêtement
"des sortes de diacres?"
On m'a dit non.
Monseigneur a tenu à spécifier
que les Tumupure c'est mieux pour ici.
Parce qu'un Tumupure peut aussi être une femme
et quand il en a marre
ou qu'il est malade
ou vieux
ou les trois
on peut en changer.
Un diacre, non.
Ce sont elles
et eux
qui font battre les cœurs
de ces minuscules
maisons de Dieu
au quotidien.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde dans les glises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 24 octobre 2014

Chez ces gens-là, on prie

Il n'y a pas que la messe
dans la vie
des Marquisiens.
Il n'y a pas que l'église
où l'on prie.
Monseigneur vous le dit
"Dans le Pacifique, on prie. En public, eh oui, pourquoi pas? On prie"
Et tout le monde d'en rajouter
avant un match de foot
on prie
avant un spectacle
on prie
avant un meeting politique
on prie
et après aussi
on ne sait jamais.
Avant la pêche
la chasse
un déplacement
un bon repas
ou un frugal pique-nique
on prie.
Ecoutez-les prier
avec la voix
les voix
les chants
les instruments
et l'âme.
Dans "Instantanés du monde, dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 23 octobre 2014

Jour de fête, 2

Quoi deux jours de fête dans la semaine
c'est la fête!
C'est la Fête,
tient
soyons fous.
Et à votre avis
qu'est ce qu'elle regardent
ces jeunes donzelles?
LA MARIÉE
ben oui.
J'en  discutais avec Tata
la "ministre de l'eucharistie"
oui je sais c'est un titre compliqué
elle me l'a dit aussi en marquisien
mais pour moi
c'est aussi compliqué.
Bref
Tata
assurait
que ce n'étaient pas les mariages ici
qui endettaient le peuple.
Pas si fréquent.
Peut-être pour ça
que les fillettes
regardent
avec tant d’intérêt.
Rare
donc
désirable.
Ecoutez-les dans "Instantanés du monde dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 22 octobre 2014

La messe à vau-l'eau

Il s'en pointe de partout
des clochers
piqués de croix
voire
de cloches.
Souvent muettes.
La messe ne peut être dite
partout.
Pas assez de prêtres.
Ici aussi?
Ben oui.
La vocation ne court pas les vallées
vocation religieuse, ça marche encore
mais sacerdotale...
Non, non, non.
Le Père Emile soupire
" Et comme les religieuses ne peuvent pas dire la messe... enfin, pour l'instant, hein!"
J'aime son rire qui crépite à la fin de la phrase.
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 21 octobre 2014

Jour de fête

C'est à Hatiheu qu'on m'a donné le tuyau
samedi
il aurait mariage
à Taipivai.
C'était l'occasion
de me plonger
dans la vie religieuse
des Marquisiens.
Je me suis invitée.
Suis restée sagement dans mon coin
après avoir discuté
tout de même
avec
le Tumupure
la ministre de l'eucharistie
Monseigneur
mais pas les mariés
trop busy.
ça a duré des heures
il n'y avait pas de photo pendant l'office
pas de rires
et même des larmes
à la fin.
Bon.
J'étais moyen à l'aise
dans cette fête longue et grave
je regardais la vallée
tout autour de l'église aux murs de piliers
laissant voir les cocoteraies
j'ai repensé à Melville
qui a débarqué là
chez les guerriers
de Taipivai.
Et je me suis assez vite éclipsée
à la fin.
Ecoutez
on chante très bien
à Taipivai.
Vous entendrez la noce
enfin
les dévots
dans "Instantanés du monde dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 20 octobre 2014

Kaoha

Il y a ceux qui débutent la journée
par un café
une cigarette
checker leurs mails
voire les trois
à la fois.
Il y a ceux qui commencent avec yoga 
thé vert
méditation
voire les trois
et il y a ceux qui démarrent
par la prière.
Ici
à la cathédrale de Taiohae
on ouvre les portes
dès potron-minet.
Et il y a une petite foule
venue boire les paroles
de l’évêque ou du prêtre en fonction.
Kaoha
on commence comme ça
et ça n'a rien à voir avec la première ligne de ce billet
même si ça se dit
quasi
pareil.
Bonjour.
Et toute la messe se poursuit ainsi
en marquisien
grâce à Monseigneur le Cléac'h
Un Breton
qui avait bien compris l'intérêt
de parler aux hommes
dans leur langue
maternelle.
Cet homme-là a laissé un souvenir ému
et unanime
dans l’archipel
Ecoutez les dévots
- et les autres-
évoquer son engagement pour la culture marquisienne
dans "Instantanés du monde dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

Au nom de la vallée

Ils sont arrivés là
les missionnaires
et ils n'ont pas vraiment trouvé
un accueil
chaleureux.
Bon.
Père Emile
qui est prêtre
catholique
et
Marquisien
raconte joliment que
"lorsqu'on voit arriver des étrangers, hein, on peut être méfiant!"
En tout cas
ti pa ti pa
comme on dit
dans d'autres vallées
ils se sont installés
ils ont converti.
Pardon, je crois qu'on dit
"ils ont évangélisé"
c'est plus correct.
Bon.
Père Emile se sent un peu
parfois
comme les missionnaires du XIXe siècle
en voguant d'île en île
en crapahutant de vallée en vallée.
Ecoutez-le observer la place de la religion
dans son archipel
dans "Instantanés du monde, dans les églises marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 19 octobre 2014

Lassitude et autre blasitude

Voit-on encore la beauté
quand on est tombé dedans
depuis qu'on est tout petit?
En allant en pirogue jusqu'au motu
en traversant un camaïeu plus riche qu'un nuancier Pantone
de bleus
tous
plus insolents
plus changeants
les uns que les autres
Clarisse souriait
et lançait à l'envi
des "c'est magnifique"
Mais ça
c'était peut-être juste
pour faire plaisir à mon micro.
Après la récolte des coquillages
Gabin et Clarisse se sont posés sur la plage
pas seulement par lassitude
après ce travail laborieux
mais en silence
juste
pour regarder
cette beauté
devant eux
dans laquelle ils vivent
depuis enfants.
Foin de blasitude!
Allez-y, en écoutant, déjà, cet "Instantanés du monde à Anatonu" (cliquez ici pour entendre l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 18 octobre 2014

Beauté instantanée

Le temps de se glisser dans la forêt
qui couvre le motu
de cheminer sur un sentier
magnifique
au sol couvert de feuilles sèches
qui font un bruit somptueux sous le pas
le temps de trouver le site
cette petite vallée de corail
où Clarisse vient chercher les coquillages
le temps de croiser un cochon sauvage
poursuivant sa route vers la source
et Clarisse avait trouvé une liane
que machinalement elle avait enroulée
pour se faire une couronne.
La même précieuse nonchalance
qu'elle a
pour cueillir une fleur d'hibiscus
à piquer dans son chignon.
Beauté instantanée.
Qui lui inspire
ses créations
de tifaifai
ou de parures de coquillages.
Du grand art.
Ecoutez-là parler de sa passion pour la nature qui l'entoure
et pour ce que savent faire
ses mains.
dans "Instantanés du monde à Anatonu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 17 octobre 2014

Allons à la mer!

Quand Clarisse m'a dit
"demain, je vais ramasser des coquillages"
je me suis dit chic
ça va être un peu les vacances!
Les femmes vivent de ça
ici
de la fabrication
des colliers de coquillages.
Alors je m’imaginais
une virée genre
ballade sur la plage
avec les yeux rivés sur le sable.
Yvette fronçait le nez
ne voulait pas y aller
"ça fait mal au dos!"
Je la trouvais un peu délicate.
Evidemment.
On s'est retrouvées le lendemain
sur le motu
dans une sorte de carrière
que Clarisse grattait
pour extraire
le sable
et les minuscules pupus
ces coquillages à collier
dissimulés
dans le corail aggloméré.
Tout
sauf une partie de plage.
Ecoutez-la gratter, dans "Instantanés du monde, à Anatonu" (cliquez ici pour entendre le boulot de dingue qu'est l'extraction des coquillages...)Photographie©Anne Bonneau

jeudi 16 octobre 2014

Marée basse

C'est ça le problème
quand c'est marée basse
il faut descendre de la pirogue
et continuer à pied.
On n'a pas des vies faciles.
Et tout ça pourquoi?
pour aller bosser!
On n'a pas des métiers faciles.
C'est qu'il y a un peu de distance tout de même
entre l'île et l’îlot.
Et parfois même
il faut écoper.
Énergiquement.
ça fatigue.
Et on arrive
mouillés
au travail.
Bon
ça c'est pas un problème
suivez Clarisse et Gabin au motu
et vous comprendrez pourquoi
dans "Instantanés du monde à Anatonu" (cliquez ici pour entendre l'écopage, la marche dans le lagon, et le boulot à faire, sur l'îlot)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 15 octobre 2014

Amène ta bobine

Elles ne sont que deux
aujourd'hui
autour de l'ouvrage.
Yvette et Clarisse
deux sœurs
à tirer l'aiguille
où autrefois
on se tenait à quatre, cinq, six
autour du tifaifai.
A chanter des chants
 - de messe - précise Yvette
et Clarisse rit en douce.
La plus jeune tente d'enfiler son aiguille
se pose un instant
se lève
trépigne
et part finalement
laissant là Yvette, seule sur son tifaifai.
"Aujourd'hui, coudre en groupe, c'est rare"
La faute à l'impatience?
Non! à la télé!
Ecoutez les deux sœurs papoter au-dessus de l'ouvrage
avec la télé
éteinte.
Je crois qu'il y avait une panne d’électricité.
dans "Instantanés du monde à Raivavae" (cliquez ici pour entendre l'émission) 
Photographie©Anne Bonneau

mardi 14 octobre 2014

Femme à l'aiguille

Si ce n'étaient les feuilles des bananiers
et les palmes
battant la fenêtre
on pourrait se croire
dans une campagne du Nord.
Ne me demandez pas quel nord
un nord du monde
celui qu'il vous plait d’imaginer.
Mais enfin
cette île de Polynésie
Raivavae
aime parfois
à se prendre
pour de plus exotiques contrées:
de celles où le vent bat
le froid incite à fermer les portes
la lumière se fond dans le vert
et les femmes cousent
à l'abri
en mangeant des marrons chauds
que l'on appelle ici
mapé.
Goûtez à cette parenthèse sucrée et feutrée
avec Clarisse, dans "Instantanés du monde à Anatonu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 13 octobre 2014

La valeur du point

Combien de points?
Combien d'heures a passé
la grand-mère de Clarisse
sur ce patchwork
que sa petite-fille déplie aujourd'hui avec respect?
On ne fait plus guère ce genre de choses
de nos jours
sur l'île de Raivavae.
Le temps est arrivé ici aussi.
Celui que l'on compte
que l'on mesure
que l'on économise.
Un peu comme
ces bouts de tissus
de fils
qui, mis bout à bout
finissaient
pas écrire
la beauté 
la valeur
de la vie
ici.
Ecoutez Clarisse l'évoquer, dans "Instantanés du monde à Anatonu" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau


dimanche 12 octobre 2014

L'odeur de ma terre

Il y a en fait
beaucoup de silence
peuplant
les forêts marquisiennes.
Peu d'oiseaux
peu de bruits d'eaux
le vent très haut
dans les cimes des falcatas
des badamiers
et autres mapés.
Il y a alors
les parfums
l'ylang ylang qui descend en velours
jusqu'à la terre imbibée d'eau
et tout ce qui pourrit
doucement
avec des envolées douces
ou acides.
Ecoutez
l’odeur de ma terre
dans "Instantanés du monde dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici, et partez)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 11 octobre 2014

Même pas peur!

Je ne pouvais pas dire non.
Je ne pouvais pas dire
que le cheval et moi
c'est
comment dire
un contrat d'intermittent?
pas ma tasse de thé?
pffffffff
et autres haussements d'épaules.
Ben non, je pouvais pas le dire
parce que sinon
comment serais-je allée à la chasse?
Pour chasser il faut monter
alors j'y vais.
Paco a été plus que sympa
a tout de suite compris que sa chasse allait être compromise
mais n'a pas râlé.
Ne s'est pas moqué de moi
en tout cas, pas en face.
Ne m'a pas crue
quand je lui ai promis
que j'étais plus rapide à la course
qu'au galop.
N’empêche que lorsqu'il a fallu laisser les chevaux
et partir dans les pentes
en courant
derrière les chiens
mon micro
mon câble
mon casque
et moi
on a suivi.
Nettement plus simple
que de tenir les rênes d'une main
le micro de l'autre
et le magnéto sous le bras
en jetant un oeil aux niveaux.
Sans oublier
l'appareil photo.
En vérité je vous le dis
le cheval
c'est pas la meilleur façon de se déplacer
quand on veut enregistrer...
Ecoutez, j'ai nettoyé toutes les gamelles
et tous les bruits de micro
dans "Instantanés du monde dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici pour entendre le pas des chevaux dans les vallées)
Photographie : Paco Pautehea

vendredi 10 octobre 2014

A part ça tout va bien

Est-ce par ce que je commençais à pâlir
ou à me taire
-ce qui n'augure rien de bon-
que Paco
a orienté la conversation
ailleurs?
Vous savez
le genre de propos
que distillent
dentiste/radiologue/gynéco/ophtalmo j'en passe
pour dissiper votre
inquiétude/douleur/malaise j'en passe.
Un peu de finesse
au moment
où la tripe prend l'air.
Je parle de celle du cochon, de tripe, hein!
Donc
tout à son dépècement
et tandis que je ne bronchais pas
micro pointé devant moi
yeux dans le vague
sur un horizon trop court à mon goût
Paco raconte
l'histoire de cette véto
venue à la chasse avec eux
qui s'est évanouie
tandis qu'on vidait l'animal.
Les gars ont rigolé
bien-sûr.
J'ai ravalé ma salive
et poursuivi mon enregistrement.
Ai-je cillé?
Si peu...
écoutez la chasse, et tout ce qui s'ensuit
dans "Instantanés du monde dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 9 octobre 2014

Astérix Marquisien

Il m'a vraiment rappelé les sangliers
des banquets
de fin d'Astérix
ce petit cochon sauvage
que Paul et Paco ont tué
pour le dîner.
Sauf que
sans Obélix pour donner
deux-trois baffes
ça ne se tue pas comme ça
un cochon sauvage.
La forêt s'accroche sur des vallées déchiquetées
la végétation prend ses aises
fait comme chez elle
l'eau se glisse
où bon lui semble
et vous
vous
vous
vous essayez de vous glisser
entres branches et sols
de diverses textures
en courant
derrière le cochon
et les chiens.
En courant vite
si possible
en arrivant à temps.
Avant que les chiens n'aient dévoré tout le cochon
(jamais vu Idéfix faire un truc pareil!)
ou avant que le cochon
n'ait déchiqueté tous les chiens
de ses défenses.
La vie n'est pas une BD.
CQFD.
Ecoutez, la vraie vie
dans les vraies forêts
avec de vrais cochons sauvages
de vrais chiens
et de vrais chasseurs
sans potion magique
mais avec du jarret
je vous le promets
dans "Instantanés du monde, dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici, vous entendrez tout ça)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 8 octobre 2014

Deux pour un

Ils ne se quittent pas d'un sabot
quand Paco est  là
Paulo n'est pas loin.
Deux compères
parcourant
les terres
et les eaux
des Marquises
de concert.
Paco nous a bien abandonné
à un moment
histoire d'aller voir
ou entendre
ou sentir

ses chiens
avaient bien pu filer.
On l'a attendu sagement
avec Paulo.
Discuté un peu
et j'ai eu le temps
de me demander
si
abandonnée là
je retrouverais mon chemin.
J'ai attendu un peu
et ai demandé à Paul.
" suffit de suivre la rivière
jusqu'en bas.
Ah oui, évidemment, ça fait loin, hein..."
Et Paco est revenu.
Sans les chiens.
ça c'est une autre histoire.
Que je vous raconte, dans "Instantanés du monde dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici vous entendrez comment on perd une meute de chien en un clin d'oeil)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 7 octobre 2014

Trace ta route

Quand Paul et Paco m'ont dit
"demain, on va à la chasse"
j'ai sauté sur l'occasion
"Je viens avec vous!"
Sympas, les gars ont dit oui.
Je ne sais pas ce que j’imaginais.
En fait
je dois avouer
j'évite d’imaginer à l'avance
ça me laisse la surprise.
C'est plus frais.
Bon.
Y'a eu pas mal de surprises
mais pour une habituée
des GR
les forêts marquisiennes
c'est l'Amazonie
enfin
l'Amazonie
comme je l’imagine quoi.
Un entremêlement de branches
entre lesquelles
il faut se glisser.
Autrefois
jadis
il y a bien longtemps
quand des milliers de personnes
battaient du talon ou du sabot
ces sentiers des vallées
ils étaient
bien tracés.
Autrefois
jadis
il y a bien longtemps.
Mais bon
même si c'était le mois dernier
il faudrait
déjà
les entretenir à nouveau.
Enfin
j’imagine.
Suivez Paco et Paul
dans les forêts
libres
de pousser
comme elles veulent
en majesté
ou dans la confusion
dans "Instantanés du monde, dans les forêts marquisiennes" (cliquez ici pour entendre Paco jouer du sabre sur les branches d'hibiscus )Photographie©Anne Bonneau

lundi 6 octobre 2014

Se botter les fesses

Se botter les fesses
c'est ce qu'il faut faire
pour accéder
à cette vue.

sur l'île d'Hiva Oa
aux Marquises.
C'est pas moi qui le dit!
C'est Paco
qui observe ses concitoyens
et qui trouve
quand même
que la Toyota
remplace
un peu trop allegro
le sabot
en ces temps.
Oui mais
la Toyota
ne monte pas
elle
jusque là.
Alors oui
faut se botter les fesses
pour savourer la vue.
A pied
ou à cheval.
Pas en Toyota.
En plus
c'est bon
pour les fesses.
C'est pas moi qui le dit
c'est Paco!
Ecoutez-le philosopher sur les vertus du pas
dans "Instantanés du monde dans les forêts marquisiennes" ( cliquez ici pour entendre l'émission de radio)
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 5 octobre 2014

Dans la peau

Ses copains lui avaient bien proposé
une pirogue
une rame
un truc sport, quoi.
Mais non
Manuteha
c'est un toere
qu'il a voulu
se faire tatouer
dans la peau.
D'ailleurs il suffit de lui demander
comment il a appris
lui
à jouer
pour qu'il sourie
hausse les épaules
en un
"C'est dans le sang!"
Brigitte ajoute
que petit
"Il s’entraînait sur le Umete de la grand-mère!  et qu'il a vite fallut lui filer des bambous, pour qu'il joue sans rien casser!"
Manuteha sourit
"Ouais, j'ai commencé tout petit"
Ecoutez-le jouer
aujourd'hui
dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici pour entendre le big band de Mario)
Photographie©Anne Bonneau

samedi 4 octobre 2014

A la baguette

Les choses sont claires
c'est Mario, le patron.
Mais les gars accourent fissa
quand Brigitte les appelle.
Pas un instant le regard des gars
ne quitte le visage
du patron.
Histoire de savoir
à quel moment
le morceau s'arrête.
Brigitte, elle,
couve
ses gars
d'un regard
brillant de fierté.
ça ne bronche pas
pendant la répétition.
Mais sitôt qu'il peuvent s'envoler
les gars
libérés
s'égayent
qui sur son vélo
sa mob
ou son cheval.
La vie
à Tubuai.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 3 octobre 2014

Peau de vache?

C'est Mario qui lui retend la peau.
Lui
il ne sait pas comment faire
pour faire sonner
son instrument.
Mario a la connaissance
les peaux de vaches
qui sèchent sur le mur
les troncs de bois de rose
qui en font de même dans le jardin.
Et l'envie d'en découdre
avec le temps distendu.
Le sien
mais aussi
celui des jeunes
ni étudiants
ni travailleurs
juste
en veine de temps.
Il les met derrière les outils
à faire des Umete
à travailler la peau
et puis aussi
à taper
taper
taper
sur un toere
un pahu ou
un fakete.
"plutôt que de faire des conneries"
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 2 octobre 2014

Récup' and co

Y'a pas à tergiverser
un toere
c'est fait en miro
en bois de rose
ou rien.
Voilà ce qu'il dit
Mario
expert es toere.
Et le bois
pour taper dessus
c'est du bois du fer
ou rien.
"Pas un manche à balai!"
ajoute Brigitte.
Bon.
Mais pour les fakete
ces petits percus en premier plan
on peut se permettre
des choses
plus...
moins...
plus...
de récup' quoi!
Recouverts de bâche
récup' du bateau.
"Oui ben on va pas tuer une chèvre pour ça, quand même"
ajoute Brigitte.
Ecoutez le son du fakete
en bâche de récup'
dans "Instantanés du monde à Matarua" (cliquez ici pour l’entendre)
vous m'en donnerez des nouvelles
eh.
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 1 octobre 2014

Samba?

Mince alors
c'est à peu près la seule chose
que je comprenais
sur ce panneau
entre autre inscription sibylline :
samba.
Et vlan
voilà qu'on lui colle
un point d'interrogation!
C'est vrai que ça détonne
au cœur
de la trad' pure et dure
puisque c'est bien de cela dont il s'agit
les bases patrimoines
les rythmes de base traditionnels
joués
ici
par
les toere.
ça joue pas de la samba le toere?
Oh, y'a qu'à demander!
On n'est pas au conservatoire ici
le toere
est libéré
des corsets
patrimoniaux.
Enseignés certes.
Mais bon
il y a un point d'interrogation
derrière samba.
Ecoutez ces bases patrimoniales
jouées par la famille Taharia and co
de Tubuai
dans "Instantanés du monde à Matarua"  (cliquez ici, vous les entendrez)
Photographie©Anne Bonneau