mercredi 28 février 2018

Petite musique de jour

Elle était très ténue, et pourtant on l'entendait de loin
cette petite musique
dans la montagne Weibaoshan
un instrument à corde, chinois
deux notes qui se répètent, puis cinq notes qui escaladent lentement
en boucle
non stop

rien  de tel pour m'intriguer
me faire suivre un sentier
pour voir
d'où elle vient
bon sang
toujours là
qui la joue?
où?
Là!
Au temple de l'empereur de jade
Désert
je ne me suis pas posé la question de savoir si je pouvais entrer
La musique était là.
Un CD en boucle
Ok, pas très magique,
mais de toute façon, j'avais eu ma dose de musiciens, alors...
Photographie©Anne Bonneau

lundi 26 février 2018

Au secours, je comprends rien !

Je ne sais pas ce que j'avais imaginé...
rien, sans doute, comme d'hab'
Bon, pour être honnête, je devrais dire, 
un temple désert ou presque au milieu de la montagne.
Il y avait des embouteillages monstres
des moines partout qui riaient et s'interpellaient
à Weishan, quand je suis arrivée après des heures de vols et de routes
je me suis dit:" qu'est ce que je fais là? je comprends rien!"
Oh, j'allais pas pleurer quand même, eh
Noooooooon…
Mais…
Juste, un moment de panique.
Jingxiu a croisé mon regard
elle a souri
et j'ai avoué
elle m'a répondu :"Si tu là, c'est pas par hasard!"
je faisais mes premiers pas dans le taoïsme...
puis, elle a ajouté "Là, c'est la fête, on va chanter, jouer de la musique, prier, viens!"
et ma panique a disparu d'un coup!
Vous allez la rencontrer, Jingxiu, 
dans "Instantanés du monde, au temple de l'empereur de jade"(cliquez ici pour l'entendre)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 23 février 2018

By mer only

Il fut un temps
où toutes et tous
arrivaient
par mer
seulement.
Port Mathurin était connu pour ça
ses cargos hebdomadaires
et même avant
ses liaisons mensuelles.
Quand j'y étais
il n'y a pas un siècle
il y avait déjà les vols quotidiens
depuis l'île Maurice
mais malgré tout
l'arrivée et le départ du cargo
prenaient des airs de fête
des airs d'exception.
Ecoutez Ben l'évoquer
le tan lontan
dans "Instantanés du monde à port Mathurin" (cliquez ici pour entendre l'émission)

mercredi 21 février 2018

Marcher droit

Marcher droit
c'était sans doute l'injonction
à tous les enfants Rodriguais du siècle dernier.
Ben Gontran  s'en souvient
des efforts de son père
pour décourager sa dizaine d’enfant à devenir des sirops des rues
les inciter à se plonger dans des études 
qui leur assurerait une vie plus confortable
Ben y est parvenu
accédant au poste d’instituteur. 
Mais s’il était bien connu à Rodrigues
c’était dans un tout autre domaine
Ben
pour tous
c’était l’accordéon.
Ecoutez-le dans "Instantanés du monde à Port Mathurin" (cliquez ici pour l'entendre)
Source photographie : Alain Elysée

lundi 19 février 2018

Ne rien oublier

Dans sa maison ancienne de Port Mathurin
Benjamin – que tout le monde ici appelle Ben- 
est volontaire
volontaire pour se replonger dans l’histoire. 
Il est comme ça, Ben 
Quand je l'ai rencontré à soixante quinze ans
le musicien ne rechignait pas à se faire déranger. 
Sa maison créole de bois blanche aux volets bleus alpague le regard 
dans la petite capitale tranquille de l’île Rodrigues
le grand jardin est clos de haies
mais le portail est ouvert. 
Il faut traverser l’herbe rase et  franchir la varangue ombreuse
à l’intérieur, un parquet de bois sombre
des murs peints en rose
et Ben
en bermuda et chemise à carreau
le livre qu’il vient de publier sur son île devant lui. 
Sur la couverture, son portrait, à l’accordéon.
Ben est parti aujourd'hui
on l'écoute encore
dans "Instantanés du monde à Port Mathurin" (cliquez ici pour l'entendre, lui et son acocrdéon)
Illustration : Thierry Permal

vendredi 16 février 2018

Entrez voir

Arzoo était bien contente qu'on passe par là
car du coup
les portes se sont entrebâillées
pour nous.
Une aubaine
pour la curieuse
en architecture 
qu'elle est.
Ces maisons Bohras
de la ville de Sidhpur
ne sont pas souvent ouvertes.
Juste
parce que 
personne 
ne vit là
ou presque.
Qu'on demande gentiment
et l'on vous montre
ce qu'il y a dedans.
Ecoutez Arzoo se pâmer
devant ces merveilles
dans "Instantanés du monde à Mandibazar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
et puis,
après,
on vous fera entendre
les vies incroyables
des Bohras
dans leurs maisons
de conte de fée.
Plus tard...
à suivre!
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 15 février 2018

De l'autre côté du mur

C'est bizarre
j'ai pas pris de photo
de ce qui se trouvait
de l'autre côté
de ce mur.
Rien en vérité.
Enfin
une plaine encombrée d'épineux
agrippant des ordures
rien.
Peut-être rien.
Peut-être tout.
Derrière ce petit marché parfumé
coulait
la Sarasvati.
Le fleuve mythique
sacré
Indien
la petite soeur du Gange et de la Yamuna.
Un lit désert.
Désert, peut-être
car on s'interroge encore ici
la Sarasvati ne coule-t-elle pas 
invisible
souterraine?
Les hindous le croient
les scientifiques la cherchent.
Ecoutez son absence
et tout ce qu'on dit d'elle
du coup
dans "Instantanés du monde à Mandibazar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 14 février 2018

Curieux du jour

Elle a fait des études d'architecture
lui, d'ingénieur civil.
Elle bosse dans la boutique d'épices de son père
lui, peaufine ses derniers exams.
Ils sont jeunes
ils sont Indiens
ils gloussent dans la rue
sans trop s'approcher
ils sont Indiens
ils sont jeunes.
Oui, bon
c'est pas pour ça qu' "Instantanés du monde" les a rencontrés, ces deux-là
Arzoo et Vivek
Mais parce qu'ils ne s’intéressent pas seulement
à leur page FB
et à leur portable.
Mais aussi
aux histoires improbables
que recèle leur ville, Sidhpur
des histoires difficiles à débusquer
qu'ils recherchent
avec ténacité.
Ils les partagent avec vous
dans "Instantanés du monde à Mandibazar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 13 février 2018

Virés!

Y'avait pas de cadenas
comme celui-là.
Celui-là, c'est une autre histoire
que je vous raconterai bientôt.
Non non
là où nous sommes entrés
avec Arzoo et Vivek
c'était pas fermé.
On a pu s'extasier
raconter
regarder
enregistrer le silence
vu qu'il n'y avait personne.
Et puis soudain
le gardien a demandé, genre "Oh, vous savez pas lire?"
Ben non, moi je savais pas
c'était écrit en Gujarati
Arzoo et Vivek ont eu du mal à dire "Nous non plus"
Alors on est parti.
Virés.
Parce qu'on marchait sur le feu
sur la fureur
sur une histoire brûlante
sur la haine
et la déraison.
Sur les ruines d'un temple/mosquée
et encore
en écrivant ça
je commets peut-être une erreur
de chronologie...
Bref
un endroit
où ni hindous
ni musulmans
n'ont le droit
de rester...
On vous la raconte, cette histoire sanglante
dans "Instantanés du monde à Mandibazar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 12 février 2018


Toujours plus haut!

ça grouille ici-bas
ça vous alpague
en bruits
en parfums
en couleurs
j'en passe
et de plus excitants.
Mais
c'est vrai 
que si c'est à Sidhpur que vous faites les soldes
ça vaut la peine
de vous tordre le cou
de prendre un peu de recul
juste
de regarder 
un peu plus haut
que les vitrines échoppes
là, en bas...
Côté archi
c'est archi beau
et archi surprenant
Ecoutez deux jeunes Indiens branchés
plutôt accro de la connectique
en parler
de l'archi
pas de leur dernier joujou hightech
dans "Instantanés du monde à Mandibazar" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 9 février 2018

Tiki et tabou, fin

Ils sont en os
en bois
en corne.
Des vrais.
Ce sont des tikis
d'ici ou d'ailleurs
d'autrefois
ou des créations
aux allures de.
Sacrés?
Sara pouffe de rire
"Ah ben non, s'ils étaient sacrés, on ne pourrait pas les vendre!"
Manquerait plus que ça...
Ecoutez, la fin des tabous
dans "Instantanés du monde à Hapatoni" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

jeudi 8 février 2018

De la beauté

Il n'y a pas de liaisons régulières
entre cette île
et le reste de l'archipel
le reste du monde.
Il n'y a pas d'avion
peu de bateaux.
épisodiques.
Alors les habitants de la vallée
louent parfois
ensemble
un bateau à moteur
pour aller faire quelques achats
à Atuona.
Il y a ici
ce que la nature offre
à qui veut bien la prendre.
Les villageois se servent
pour vivre
et vivre bien.
Pour manger, boire, se couvrir
et aussi
pour faire joli.
Habiller un pilier
de feuilles tressées.
Pas strictement nécessaire.
Mais si
peut-être bien, que si.
Ecoutez la vie quotidienne de la vallée
avec sa part de difficultés
balayées de la main
par les femmes
et sa part ( immense) de beauté
qu'elles créent
au quotidien.
c'est dans "Instantanés du monde à Hapatoni" ( cliquez ici pour les entendre en parler)
Photographie©Anne Bonneau

mercredi 7 février 2018

Sur le fil

Oui on peut me montrer
si je veux voir
ça, c'est permis.
Oui on peut m'expliquer
si je ne comprends pas
c'est permis aussi.
Mais non
non non non
on ne va pas me faire une démonstration.
Parce que
c'est dimanche.
Alors.
ça me va.
Toutes les dames sont là
autour d'une brassée de fibres de coco
à moitié tressées
et pourtant
déjà magnifiques.
Elles ont tout le temps qu'il faut
pour me parler
non seulement de la confection
de cet article essentiel en ces contrées
mais de la place qu'il prend
dans les familles
et ce qu'il peut nouer.
Pas seulement les peaux des tambours.
Mais les mères et les filles
travaillant
à la même
ouvrage.
Ecoutez-les, dans "Instantanés du monde, à Hapatoni" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

mardi 6 février 2018

Entre, c'est ouvert!

Dans la vallée d'Hapatoni
le vent traverse les farés
fait voler les rideaux
transporte la musique
de la télé allumée
et les parfums
du repas du dimanche.
Il fait aussi danser les combinaisons de plongées
sur le fil
et les mots
d'un bord à l'autre
du chemin
traversant le village.
Cristina m'invite à déjeuner
c'est dimanche
et le repas
a des allures de banquet.
Mais sans alcool.
"Interdit d'en vendre dans notre vallée"
Par décision des villageois.
"Comme nos ancêtres  Enfin non, eux ils faisaient de l'alcool de coco. Nous, on sait plus faire. Même le café, on ne sait plus quand il faut aller le cueillir."
On a perdu des savoir-faire ici
mais 
on en a recréé
beaucoup d'autres...
Ecoutez les villageoises en parler
dans "Instantanés du monde à Hapatoni" ( cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

lundi 5 février 2018

De quoi vit-on?

De quoi vit-on
lorsqu'on est
retiré
dans une vallée
des Marquises?
De la terre et des eaux.
Mais ici
à Hapatoni
on a décidé
aussi
de vivre
de ce que la nature
peut laisser
de déchets.
Des tibias des chevaux morts de soif
à la corde de coco
une fois la noix consommée.
D'os de trucs
d'arêtes de machins
de dents d'animaux morts
et de corne
et de peaux.
Le même genre de choses
précieuses
dont se sert
ce que l'on appelle
l'industrie du luxe.
Des matières rares
érigées
en objets d'art.
Ce qu'ailleurs
on néglige.
Ecoutez ces artisans
d'un autre luxe
dans "Instantanés du monde à Hapatoni" ( cliquez ici pour entendre l'émission) 
Photographie©Anne Bonneau

dimanche 4 février 2018

Une liberté

Il leur faut quitter
leur éden
aux enfants
de la vallée d'Hapatoni.
Très tôt.
Trop tôt?
Là, en vacances
ils prennent le temps
de me raconter
le bonheur de vivre ici
comparé à la "grande ville" d'Atuona.
Car ici
leur vallée minuscule
est autrement plus grande.
A eux les chemins de brousse
la quête de fruits, de poissons, d'aventures
lâchés en toute liberté.
Leurs récits magnifiques de chasse à la murène
a des allures de paradis perdu
faisant naître une nostalgie 
d'autres chemins de mon enfance.
La mienne était plus riche en gardons qu'en murènes
mais enfin
les tours de vélo
faisaient la même musique
quand
comme eux
on accrochait des petits bouts de cartons
frisant dans les rayons.
Ecoutez-les, plongez-vous, dans leur enfance, de liberté
dans "Instantanés du monde à Hapatoni" (cliquez ici pour entendre l'émission)
Photographie©Anne Bonneau

vendredi 2 février 2018

être lion ou pianiste

Tous les pianistes vous le diront
les ongles longs
c'est pas bon.
Pour les lions en revanche
(mais quel rapport? j'y viens j'y viens!!!)
pas question de se limer les ongles
car rien de tel
pour grimper en haut des arbres
avec une légèreté de ballerine
(mais quel rapport avec une ballerine?)
Le rapport donc
c'est que ces lions
ont été abandonnés par leur mère
car les lionnes
aiment à hésiter
et se dire
mince
pourquoi j'ai fait ce lionceau
finalement j'en veux plus!
Je vous rassure
ça se passe (souvent)
avec leur premier petit
seulement
après
l'instinct arrive.
Bref ces lionceaux ont été récupérés
par des doux dingues
qui aiment aussi la musique
et qui vous racontent tout ça
dans "Instantanés du monde à Yémen"!
Photographie © Anne Bonneau